La vie jusqu'à la dernière goutte
Si l’on me disait encore : Que ferais-tu si tu mourais aujourd’hui ? Je répondrais sur-le-champ : Si le sommeil me gagne, je m’endormirai ; si j’ai soif, je boirai ; si j’écris, ce que j’écris me plaira et j’ignorerai la question ; si je déjeune, j’ajouterai un peu de moutarde et de poivre à ma grillade ; si je me rase, je pourrai me couper au lobe ; si j’embrasse mon amie, je dévorerai ses lèvres comme une figue ; si je lis, je sauterai quelques pages ; si j’épluche des oignons, je verserai quelques larmes ; si je marche, j’irai plus lentement ; si j’existe ainsi qu’à présent, je ne penserai pas au néant ; si je ne suis pas présent, l’affaire ne me concernera pas ; si j’écoute Mozart, je me rapprocherai du carré des anges ; si je dors, je continuerai à dormir, rêvant et follement amoureux du gardénia ; si je ris, je réduirai mon rire de moitié par décence. Que puis-je faire ? Que puis-je faire d’autre, même si j’étais plus courageux qu’une tête brûlée et plus fort qu’Hercule ?
Mahmoud Darwich, La trace du papillon : pages d'un journal (été 2006-été 2007), Actes Sud, 2009 .- ISBN 978-2-7427-8264-2
Traduit par Elias Sanbar
Photo : Shon Ejai (Pixabay)
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