Une est la terre
Une est la terre, et il est plus d’un frère.
D’autre désert, d’un ponant d’exil antique, au temps de la grande famine et des envies de fratricide. Une est la terre, et vaste né l’accueil.
Voix qui crie dans le ciel, pour, vers, une épiphanie de voie enfouie sous le sable, en guidance d’orient, désert fait d’ergs et de regs, portance à bras humains des tables du Tabernacle, ou Temple en ses mouvances, vers une terre d’avals et de collines, concrétion de songes et de sueurs, et du Lac à la Mer : sommeil et veille du Descendant, une est la terre, dans son sol et ses lèvres.
Voix qui hèle et appelle, présent du monogramme des siècles, ode de cantique donnant nouvelle la terre, appelant du psalmiste un psaume de grâce et d’abandon, péricope du salut, Sion de ma justice, capitale de mes visites bifides, métropole des nations, et lieu et foyer brûlant du rayonnement. Quand vous serez entrés dans la terre que moi je te donne qu’elle devienne tienne, après que vous aurez au même festin convié, festin de viandes grasses et de vins succulents, festin d’un jour empreinte d’un jour du lendemain, convié tous les vivants obvies d’un hommage d’homme, et ouvert au-dessus de vos toits les terrasses, nommé du même saint la sanctification, épargné les écueils géminés et l’amer oublié, une est la terre, et lointaine la ligne, quand vous serez sur elle, vers laquelle je te donne, à rester et fonder, à vivre et à grandir, et à honorer Dieu comme ton père et mère, et vous pourrez sculpter aux jambages de vos bâtisses le doux nom de maintenant, et vous accueillerez, et vous réunirez, et vous pourrez graver sur vos fronts et vos frontons nous, nous, désormais nous.
Une est la terre, plus vaste que d’emprises, et vaste le pays, celui-là et nul autre — répit de tout dépit, et la vie est violence —, de régime régi au gré des ascendances, de trahison trahi au lé de vos souffrances, contrée douce et d’oxycrat de forge entre océan et Fleuves versant depuis l’île de l’Éden, rochers de votre miel et lait de votre errance.
Et il vous guidera, de grès et de faïence, jusqu’aux matrices de vos ongles, à force de brandons et de cendres volatiles, semant fécondes les amnésies, à s’émerveiller devant telle merveille, d’un artéfact enfoui de la vie, de sa fuite, faillance de l’humain en chemin par la porte étroite, quand les berges des eaux, telle une plaie béance, béèrent de l’hiatus désir de main divine, et les chars et chevaux, déchus de nuque raide et royale, du mur de l’impossible injonction obéie, matière à mystère que plus tard recoudront les prophètes, messagers de messages vers le peuple, vers le fils chéri même. Une est la terre, et un tous vous serez, et le corps et l’esprit pour votre enseignement, et je vous dirai sages.
(Montpellier, mardi 23 avril 2024)
Philippe Le Moigne, auteur
Image de Julio Perez pour Pexels
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