Le lanceur de dés
« Qui suis-je pour vous dire
ce que je vous dis,
moi qui ne fus pierre polie par l'eau
pour devenir visage
ni roseau troué par le vent
pour devenir flûte...
Je suis le lanceur de dés.
Je gagne des fois, je perds d'autres fois.
Je suis comme vous ou un peu moins...
Je suis né près du puits
et des trois arbres solitaires telles
des nonnes.
Je suis né sans flonflons ni sage femme.
J'ai reçu mon nom par hasard, par hasard,
appartenu à une famille,
et hérité de ses traits, ses caractères
et ses maladies :
Premièrement : Problèmes artériels et
hypertension
Deuxièmement : Pudeur devant le père,
la mère et la grand-mère-arbre.
Troisièmement : Illusion que la grippe se guérit
par une infusion chaude de camomille.
Quatrièmement : Paresse à évoquer
l'antilope et
l'alouette.
Cinquièmement : Ennui durant les nuits d'hiver.
Sixièmement : Inaptitude flagrante au chant.
Je n'étais pour rien dans ce que je fus.
Le hasard m'a fait de sexe masculin...,
par hasard j'ai vu l'astre lunaire,
pâle tel un citron,
courtiser les femmes encore réveillées
et je n'ai pas fait d'effort pour trouver
un grain de beauté
au plus intime de mon corps !
Mahmoud Darwich, "Le lanceur de dés et autres poèmes", traduit par Elias Sanbar. - Actes Sud, 2008. - ISBN : 978-2-7427-9030-2
Photo de Guillermo Velarde pour Unsplash
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