Ils n’avaient pas l’intention. Ils avaient…
Deux poèmes de Fady Joudah
Photo : Palestinian News & Information Agency (Wafa) in contract with APAimages
CC-BY-SA-3.0 - Creative commons
[…]
Ils n’avaient pas l’intention de tuer des enfants.
Ils avaient l’intention de le faire.
Trop d'enfants se sont placés sur la trajectoire
précisément imprécise
des bombes d'une tonne
larguées mille et une fois
sur les nuits des enfants.
Ils ne pardonneront pas cette faute aux enfants.
Ils voulaient les préserver de fautes à venir.
Ou leur offrir gracieusement des existences bardées
d'heures de reconstruction
chirurgicale,
de souffrance psychique à transmettre
à leurs descendants.
Les enfants auraient-ils des descendants ?
Voilà ce que les largueurs de bombes
ne savaient pas qu'ils voulaient :
vérifier si l’autre deviendrait comme eux
après une souffrance incommensurable.
Ils voulaient mener
leur propre enquête, mais ils oubliaient
que tous les persécutés ne vénèrent pas le pouvoir
après leur survie. Quelle enfance
est engendrée par une enfance dévastée ?
Mes parents m'ont montré la voie.
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Fady Joudah est un médecin, poète et traducteur palestinien américain. il est né aux états-unis. Il a grandi en Libye et en Arabie Saoudite avant de retourner aux états-unis pour ses études. il a fréquenté l'université de Georgia, la faculté de médecine de Georgia et l'université du Texas, où il a achevé ses études de médecine interne. il réside à Houston où il travaille comme médecin interniste.
il a publié cinq recueils de poésie : « the earth in the attic » (2008), « alight » (2013), « textu » (2014), « footnotes in the order of disappearance » (2018) et « tethered to the stars » (2021). En 2014, il a été lauréat d'une bourse Guggenheim de poésie. Fady Joudah est également connu pour ses traductions en anglais de recueils de poésie arabes : il a traduit les œuvres de poètes palestiniens tels que Mahmoud Darwish, Ghassan Zaqtan, Mary abu Al-hayyat, et bien d'autres. Il est le cofondateur du prix de poésie Etel Adnan.
Fady Joudah - Photo : Luigi Novi - CC-BY-3.0 Creative Commons
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-> Le 14 décembre 2023, Fady Joudah écrit un poème en écho au dernier poème de Refat Alareer, "If I Must Die".
Refaat Al-Areer, poète, universitaire et enseignant palestinien avait épinglé son dernier poème "If I Must Die" en en-tête de son compte tweeter. Il a été tué le 7 décembre 2023, lors d'une frappe aérienne israélienne qui a pris pour cible la maison de Shajaiya où il se trouvait avec son frère, sa sœur et les quatre enfants de sa sœur, qui ont également été tués.
Soudain je
« dans une explosion », suis mort.
Soudain, le temps
a cessé de s'attarder.
Soudain tu
ne peux trouver mon corps
ne peux mettre en terre
ce que tu ne peux trouver.
Mon dernier poème,
je l'ai écrit des années avant
qu‘arrive mon heure.
Soudain ma voix,
que l'on croyait inaudible
parce qu’apatride,
a servi de voix
à un monde tumultueux.
Soudain « un cerf-volant ».
Soudain je.
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Traductions : JCP
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