Je suis ma liberté
The Tale of a Wall
Incarcéré à perpétuité dans les geôles israéliennes, Nasser a dit adieu au monde. Au fil des années, un lien particulier s’est noué entre ce Palestinien et le mur qui lui fait face : celui-ci s’anime, répond et change d’apparence selon que l’espoir ou le renoncement domine. Surtout, il lui inspire ce texte. Depuis sa cellule, Nasser raconte son histoire et celle de son peuple comme s’il les extirpait du mur, faisant surgir par ses mots le monde qu’il a quitté. Lorsque Nanna, une jeune avocate qui rend visite aux prisonniers, s’éprend de cette âme libre, le monologue du condamné devient dialogue ardent. Mais l’amour peut-il patienter ?
Tels les Bédouins puisant dans un lexique infini pour décrire le désert, Nasser Abu Srour fait de sa prison un univers en expansion. Entre réalité et onirisme, Je suis ma liberté est un hommage visionnaire au pouvoir émancipateur de la littérature.
Éditeur Gallimard – Collection Du monde entier
ISBN 9782073064301 – 2025 – 304 pages – Prix papier 22,50 € Numérique 14,99 €
Nasser ABU SROUR – Auteur
Stéphanie DUJOLS - Traduction de l'arabe (Palestine)
-----
Avant propos de l’ouvrage :
AINSI PARLAIT LE MUR
Chère lectrice, cher lecteur,
À première vue, il pourrait vous sembler que les pages que vous tenez entre les mains sont l’œuvre d’un homme emprisonné et forcément confus, qui, après beaucoup d’hésitation, a décidé de se jeter à l’eau pour écrire. Mais non, cette histoire n’est pas la mienne – je n’en suis qu’un simple témoin auditif et oculaire. C’est l’histoire d’un mur qui m’a pris pour témoin de ses paroles et de ses actes. Les phrases de ce texte n’auraient pu être composées sans le support de ce seul élément fixe : le mur. Sans son extrême vigilance, son attention sans faille, elles se seraient disloquées et pulvérisées. Dès le début de mon cheminement, le mur m’a donné mes traits distinctifs et tous mes surnoms : au camp, aux marges de la ville, en prison et dans le cœur d’une femme.
Je suis la voix de ce mur. C’est ainsi qu’il s’est décidé à parler. C’est une écriture de prison, avec ses troubles, ses malaises, ses trébuchements. Elle n’est pas le fruit de conversations nocturnes autour d’une table encombrée de boissons et d’histoires, dans quelque café pour intellectuels. Elle est née des entrailles d’un mur de béton – pour un peu, elle vous écorcherait. C’est une écriture d’acier et de ciment.
J’ai écrit avec tout ce que j’avais de points et de virgules, tantôt coupant, tantôt reliant. J’ai écrit en m’en tenant à ce que le mur me dictait, selon ses propres règles. J’ai écrit comme on rapporterait une dernière parole avant que cesse le tic-tac de l’horloge. J’ai écrit sans effets de langue, sinon ceux que le mur a subis et auxquels il tenait. J’ai écrit parce que, en temps de disette, lire est un acte de lâcheté.
À tous et à toutes, je souhaite une âpre lecture.
Nasser Mazyouneh Abu Srour
-----
« Je suis ma liberté » : Nasser Abu Srour fait le mur | Le Monde | Richard Jacquemond | 25/01/2025
« Je suis ma liberté » : Nasser Abu Srour écrit derrière les barreaux des geôles israéliennes - L'Humanité - Muriel Steinmetz - 15/01/2025
Nos larmes ont la même couleur
Deux mères, chacune orpheline d'un fils tué.L'une est israélienne, l'autre est...
Naplouse, Palestine
Portraits d'une occupationJ'ai écrit Naplouse, Palestine entre septembre 2015 et juillet 2017,...
Nakba
Pour la reconnaissance de la tragédie palestinienne en IsraëlEn 1948, 750 000 Palestiniens sont...
Antisémite
« Rien ne justifie ce torrent de boue déversé sur lui »Préface de Michel WieviorkaL'antisémite....
Pour l'amour de Bethléem
ma ville emmuréeLa devise de Véra Baboun est : « De la souffrance, apprendre à faire naître la...
Palestine-France Quand les jeunes résistent
Regards croisésSalah Hamouri est né à Jérusalem en 1985. Pour avoir eu soi-disant « l'intention...